brancard recouvert d’un matelas était dans la cour ; ce fut le comte qui l’y déposa lui-même, aidé par le docteur et par M. Carlstone. La comtesse Praskovia qui tremblait de tous ses membres, et Arkadi dont les dents claquaient d’émotion et de pitié, étaient descendus les premiers de voiture. Stéphane, dont nul ne s’était occupé depuis l’accident, était resté sur le siége. Quand le cocher lui tendit les bras pour l’aider à mettre pied à terre, Stéphane se laissa aller sur l’épaule du valet avec la lourdeur d’une masse qui tombe. En voyant passer devant lui la victime de son obstination imprudente, en sentant peser sur lui le regard de son père, il s’était évanoui.
Quand il revint à lui, il était dans sa chambre, jeté à terre comme un paquet, et personne ne faisant attention à lui. La cellule était cependant pleine de monde : le blesse était étendu sur son lit à lui, Stéphane ; le chirurgien lui pansait la tête que le comte Pavel soutenait, M. Carlstone tendait les instrunments à l’opérateur, Mlle Mertaud ajustait des bandes de linge ; Arkadi et le Japonais préparaient de la charpie.
Le blessé était revenu à lui, mais d’une façon tout instinctive, car il n’ouvrait pas les yeux et ne parlait pas ; il poussait seulement des gémissements inarticulés qui répondaient au fond de la poitrine de Stéphane en y produisant la sensation de violents coups de poing. Après avoir bandé la tête du patient, le docteur lui palpa le bras qu’il trouva démis. Cette fois, la douleur fut si atroce