— Je ne sais trop, lui dit tout bas Tada-Yoci, si tu ne marches pas sur les brisées de Stéphane, mon cher Arkadi. »
La promenade finie, la petite troupe se dirigea vers le chalet où sont servis les rafraîchissements ; mais l’entente avait disparu, et ils s’assirent tous de mauvaise humeur à une table rustique. Eugène, lui, était allé commander les bols de lait, et Stéphane se demandait si vraiment cet ouvrier allait s’asseoir à ses côtés, lorsqu’il le vit apporter deux bols au cocher et au valet de pied d’un superbe équipage qui stationnait dans l’allée du chalet.
« Le voilà avec ses pareils ! » se dit Stéphane en lorgnant les deux chevaux pur sang irréprochablement harnachés, l’américaine capitonnée de satin marron et la livrée élégante des valets. Il pensa ensuite que son père à lui aurait dû se faire conduire au jardin dans une voiture aussi belle, au lieu de les y mener dans cette calèche de louage qui les attendait si piteusement à l’entrée ; aussi la réunion de ces deux idées le fit-elle se récrier quand Jules dit à Eugène :
« Eh ! tu ne prends pas du lait ? Voici une chaise près de moi.
— Je ne mange pas avec des ouvriers qui causent avec des laquais, » dit Stéphane en se levant, et il appela un garçon pour lui payer les bols de lait.
« Monsieur, ils sont payés, dit celui-ci.