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un poney. Eugène, par pure obligeance, s’assura que les sangles étaient solides ; quand Stéphane fut campé sur sa selle, il s’avisa qu’il était gêné dans son pardessus, et, pour montrer par un exemple que le sans-façon était à l’ordre du jour, il ôta ce vêtement et le lança dans les bras de l’ouvrier qui ne s’attendait à rien moins.

Le pardessus tomba par terre et l’instinct dominateur et colère s’éleva dans l’âme de Stéphane. Il montra du bout de sa cravache le vêtement à l’ouvrier qui, comprenant fort bien, lui répondit par un : Plaît-il ? bien parisien.

« Ramasse donc mon pardessus, et garde-le-moi.

— Ramasse ! répéta Eugène. Vous me faites l’amitié de me tutoyer ! Est-ce que nous avons gardé les mougiks ensemble ?… Ce que j’en dis n’est pas par mépris des mougiks au moins, il n’y a de méprisable que les mauvais sentiments, et rien à blâmer, sinon l’impolitesse. »

Stéphane lança sa bête au trot, préférant perdre son pardessus que de descendre le ramasser, et Eugène remit le vêtement aux mains des gardiens des autres attelages. Puis il rejoignit Roméo qui faisait sa promenade à pas lents ; elle était égayée par les joyeux propos d’Arkadi qui se comparait à un radjah indien et qui demanda s’il n’était pas possible à Eugène de monter sur l’éléphant à côté de lui.

« À moins de grimper sur cet arbre à côté pour être à la hauteur de notre siége… dit Jules.