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à tour de leur trompe la taille ou le cou de leur gardien avec la bonhomie caressante qui caractérise ces colosses.

Pour se délivrer de ces marques de tendresse qui se répétaient trop, ou pour attirer la clientèle, le cornac de Roméo lui fit faire quelques pas, et l’éléphant s’en alla quêter un morceau de pain près de la marchande ; sans toucher aux gâteaux de l’étalage, il passa sa trompe dans la baie du kiosque. La marchande s’exécuta. Un bout de pain de seigle, puis deux, puis trois ; mais Roméo était plus agile à lancer ces douceurs dans sa bouche qu’elle n’était décidée à se montrer généreuse, et elle finit par dire à l’animal :

« C’est assez, Roméo. Tu n’es pas un client sérieux, mon garçon, je ne veux te vendre que de seconde main.

— Payez-vous, » sur le comptoir, et il prit une grande assiette de gâteaux qu’il tendit à l’éléphant.

Roméo se laissa inviter sans façon ; mais pendant » dit Stéphane en jetant une pièce d’or qu’il cueillait les gâteaux avec une dextérité joyeuse, Stéphane s’avisa de se moquer tout haut de sa lourdeur, de sa gourmandise, et de la laideur de sa face. — Le cornac, causant avec Arkadi, ne faisait pas attention à ces propos.

« Prenez garde, monsieur Stéphane, lui dit Eugène, les éléphants sont très-intelligents, et celui-ci vous comprend à merveille.