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« Daïmio ? qu’est-ce que c’est que ça ? avait demandé à demi-voix Jules à son guide.

— Je crois que c’est un prince japonais, avait répondu celui-ci.

— Très-bien, avait répliqué simplement le jeune garçon. Moi, monsieur Stéphane, je suis Jules Guillet, le fils du manufacturier.

— Ah ! » avait dit Stéphane d’un air dédaigneux.

Jules était trop animé dans la conversation qu’il tenait avec Arkadi pour remarquer cette expression, mais l’ouvrier en avait pris note et il s’aperçut bientôt aux manières de Stéphane que celui-ci avait fait son petit roman sur lui et son compagnon. D’après Stéphane, en effet, ce M. Guillet le manufacturier, trop pauvre pour avoir un précepteur ou même des valets, avait confié son fils à un de ses ouvriers pour sa promenade de congé, et le jeune orgueilleux sentant qu’il s’était commis avec des gens d’une espèce inférieure, s’ingénia à bien établir sa supériorité sur eux. Voici comment il s’y prit :

On était arrivé près de la station des équipages ; derrière le kiosque de la marchande de gâteaux, des poneys tout sellés piaffaient gentiment ; le dromadaire, accroupi sur les callosités de ses genoux, regardait les promeneurs de cet œil intelligent qui semble refléter la sèche ardeur des déserts africains ; les deux éléphants, Roméo et Juliette, jouaient avec leurs cornacs, enlaçant tour