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Le général combattit longtemps la résolution du comte Alénitsine ; puis quand il eut vu tous ses efforts échouer contre le découragement du comte, qui disait n’avoir aucun autre intérêt dans la vie que l’éducation de son fils, qui pouvait se passer de lui pendant quelques années encore, et l’amour des travaux scientifiques qui l’engageait à voyager, il dit à son ancien officier :

« Si ce n’est pas pour votre avenir militaire, que ce soit du moins dans l’intérêt de votre fils : restez en Russie. Je le dis devant Praskovia Stepanovna an risque de la blesser, mais elle ne saura pas du tout élever Stéphane. Je n’ai jamais vu un marmot de cet âge si colère, si entêté et déjà si tyran. — Tenez, l’entendez vous qui crie ?

— Eh ! on le contrarie sans doute, dit la comtesse. J’y vais voir.

— Et la baronne Praskovia Stepanovna va gronder, je parie, le malavisé qui aura fait couler une larme de son petit-fils, poursuivit le général.

— Que voulez-vous ! répondit le comte. Je ne puis vraiment pas me mêler de ces premiers soins. Les hommes n’y entendent rien, et je n’ai jamais ouï dire que la tendresse ait gâté le bon naturel d’un enfant.

— Bah ! bah ! dit le général, l’éducation commence dès la première l’heure de la naissance, et votre Stéphane… Savez-vous qu’il a déjà sa réputation faite et qu’on lui donne dans ce pays un surnom qui lui va très-bien ?