« Vis en paix avec toi-même et avec les autres.
« Une heure perdue est un bien volé. Occupe ta jeunesse si tu veux que ta vieillesse soit honorée.
« Parle peu ; écoute beaucoup, et retiens mieux encore.
« Élève ton âme jusqu’aux puissances célestes. »
— Les puissances célestes ! » répéta Arkadi avec étonnement.
Tada-Yoci réfléchit : « C’est le nom qu’on donne au Nipon à la force et à la bonté qui ont créé et qui maintiennent le monde, » répondit-il.
Arkadi eut la discrétion de se taire sur ce sujet délicat ; mais son naturel curieux lui suggéra une autre question :
« Votre père, dit-il au Japonais, ne vous recommande pas de penser à lui et à votre famille. C’est étonnant ! »
Tada-Yoci blêmit sous son teint jaune et ferma les yeux sans rien répondre.
« Vous ai-je fâché ? dit Arkadi. C’est une chose si naturelle que de laisser à un fils qui part quelques mots de tendresse.
— Pas au Nipon, dit Tada-Yoci, pas au Nipon. Nous trouvons que l’on doit garder pour le secret de son cœur tout ce qui a trait aux attachements de famille. La famille doit être un sanctuaire fermé ; » et rompant le propos : « Voulez-vous voir mes autres habits, ma boîte de couleurs, mon encrier, mes livres chinois ?… Ah ! voici