élégantes : son buste était heureusement développé ; ses mains frêles avaient de la race, et sa démarche cadencée ne manquait pas de grâce.
Le comte Pavel le présenta d’abord à la comtesse, qui lui fit grand accueil ; mais elle fut étonnée lorsque le Japonais, après deux révérences très-profondes, à la mode asiatique, lui fit un petit compliment bien tourné, en excellent français. Il est vrai que Tada-Yoci parlait très-lentement et qu’il prononçait mal certaines lettres inconnues à l’alphabet de son pays : ainsi tous les j étaient pour lui des i et les ch avaient une tendance à se changer en z dans sa bouche. Mais le fait de parler français après trois mois de causeries avec le comte Pavel était assez remarquable pour donner à l’instant grande idée de l’intelligence de cet enfant.
Ses yeux brillèrent quand il fut mis officiellement en rapport avec Arkadi et Stéphane. La connaissance fut vite faite entre eux pendant qu’on prenait le thé. Stéphane resta un peu contraint ; mais l’on n’eut rien à reprocher à Arkadi sous le rapport des convenances, sauf la rondeur avec laquelle il s’empara de Tada-Yoci, et la familiarité avec laquelle il en fit vite sa chose, disant tantôt :
« Mais nous prendrions bien encore du thé, moi et mon Japonais. »
Ou bien : Laissez-nous donc causer ensemble, moi et mon Japonais. Nous nous entendons si bien ! »
Une fois cette formule trouvée : moi et mon Japonais,