fin, s’il faut tout dire, elle était inquiète du ridicule que ses railleries pouvaient jeter sur son cousin. Ces réserves gardées, elle avait une sincère affection pour Arkadi, et elle se proposait de lui assurer par testament une petite fortune sur ses économies personnelles ; car quoique Russe, la comtesse Praskovia faisait des économies, grâce à l’honnête gestion de M. Gratitude.
Une saillie d’Arkadi renoua la conversation : « Un ange qui passe ! » dit-il, en répétant la phrase consacrée dans le Nord et par laquelle la poésie septentrionale explique les silences qui coupent la causerie.
« Oui, répondit le comte Pavel, il a passé tout près de moi, et c’est de toi qu’il m’a parlé, mon Arkadi…… Mes enfants et vous, ma mère, je ne veux pas ajouter un long récit à l’exposé succinct, mais assez exact, qu’Arkadi a fait des usages et coutumes japonais ; mais je dois vous conter en peu de mots que ce qu’il dit de leur haine pour les étrangers est si vrai que j’ai couru risque de la vie au Japon, il y à sept ans.
— Toi, mon fils ! dit la comtesse qui jeta ses bras autour du cou du comte Pavel… Et tu ne m’en as jamais rien dit !
— À quoi bon vous inquiéter à propos d’un péril conjuré ? Tant il y a qu’ayant voulu un jour pousser une pointe dans une petite île de l’archipel japonais, je fus arrêté, jeté dans un cachot, mis aux ceps, ce qui veut dire pris par les jambes dans des entraves de bois, et ré-