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critique de ma mère. Nous avons deux pavillons : celui-ci reste tout entier à la comtesse qui voudra bien céder à Mlle Mertaud le petit appartement du second étage. Ce sera le quartier des dames ; vous, monsieur Carlstone, je vous prends dans l’autre pavillon avec ces deux hommes-là. — Il désignait Arkadi et Stéphane. — La galerie qui est pleine de bibelots (entre nous, le pavillon masculin en est également bourré) restera indivise entre les deux domaines. Que me dit ma mère de cet arrangement ?

— Ta mère, Pavel, tombe des nues en te voyant de- venu un homme pratique ; et moi qui le calomniais, vous en souvenez-vous, mademoiselle ? N’allez pas au moins lui parler du hamac, du sarcophage et du chenil scientifique. J’irais me cacher de honte derrière ces beaux rideaux de soie brochée.

— C’est donc entendu, » dit le comte en souriant. Ce sourire éclaira sa figure grave, creusée par l’étude et les fatigues, vieillie avant l’âge par cette tombée de neige que les chagrins font pleuvoir sur la tête des hommes cruellement éprouvés. Ces cheveux blancs du comte, le sillon creusé verticalement sur son front à plans contrastés, donnaient une grâce particulière à ses rares sourires.

« Maintenant, ajouta-t-il, nous avons à traiter une affaire autrement importante. Stéphane, est-ce que ma lettre ne contenait pas une promesse ? Que devais-je te rapporter du Japon ?