Page:Blandy - Le Petit Roi.djvu/156

Cette page n’a pas encore été corrigée

ne soit pas orthodoxe[1] ; mais pour Prussienne, elle ne l’est pas, et si tu le soutiens encore, voici mes deux poings, — il montra deux poings fermés, durs et noueux comme des massues, — qui à force de frapper sur ta tête, en feront sortir cette idée-là. »

Cette histoire d’antichambre égaya les enfants, et Mlle Mertaud regretta que le comte Pavel eût défendu d’amener un seul domestique mâle de la maison Alénitsine, car elle aurait aimé remercier, ne fût-ce que par un bienveillant sourire, le cocher Grigori de son bon vouloir pour elle.

Après ce temps de repos, les voyageurs, impatients de se retrouver en famille, coururent sur Paris tout d’une traite. Le train qui les amenait entra en gare à huit heures du soir.

M. Carlstone eut beau se hâter de descendre le premier pour offrir sa main à la comtesse Alénitsine, le comte Pavel, qui stationnait par faveur spéciale sur le quai d’arrivée, fut plus prompt que lui à tendre les bras vers la portière du wagon.

Des baisers aux enfants, des poignées de main à M. Carlstone, un salut aimable et respectueux à Mlle Mertaud, cette bienvenue tendre et cordiale s’échangea entre eux pendant que la foule des voyageurs s’écoulait. Per-

  1. Les gens du peuple ont l’habitude de désigner leur nation non par son nom, mais par ce mot d’orthodoxe qui désigne les adhérents à la communion grecque.