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intérêts de la science. Il n’en est pas de plus grands, mais il en est qui sont plus étroits et que l’on peut dire plus sacrés.

« Et vous me priez ensuite d’excuser votre hardiesse. Loin d’en être choqué, je serais prêt à l’admirer, car je m’avoue coupable de n’avoir pas voué ma vie au seul être que le sort m’ait laissé. Je me suis privé d’un grand bonheur en m’abstenant de présider à l’éclosion de sa jeune intelligence ; et cependant j’ai fui ses caresses qui m’étaient cruelles aussi, parce qu’elles me rappelaient celles que me prodiguaient des êtres aussi aimés, à jamais disparus et toujours vivants dans mon souvenir.

« Je me suis trompé en croyant que mon fils pouvait se passer de moi. Votre opinion est qu’il est temps pour lui d’être soumis à la direction paternelle : je me rends à votre décision, et je m’apprête, à peine arrivé, à quitter Yokohama dès que j’y aurai rempli un devoir de reconnaissance et d’amitié. Je serai sans doute à Marseille quand vous recevrez cette lettre, et j’appelle Stéphane en France, puisque vous jugez qu’il lui serait bon de voir un autre pays que la Russie et de respirer une autre atmosphère intellectuelle.

« Puisque j’adhère à vos vues, j’espère, mademoiselle, qu’en remettant Stéphane entre mes mains, vous ne le quitterez point, comme une phrase de votre lettre semble en exprimer le vœu. La comtesse Alénitsine ne m’écrit pas une fois sans me dire quelle heureuse influence vous