Page:Blandy - Le Petit Roi.djvu/143

Cette page n’a pas encore été corrigée

voisine et pas assez large pour offrir un assez vaste miroir aux évolutions des patineurs, mais sur un étang situé à deux verstes de la Mouldaïa. M. Carlstone excellait dans cet exercice ; il décrivait des courbes, des lettres entrelacées, des dessins sur le pavé cristallin de l’étang.

Arkadi et Stéphane l’imitaient de leur mieux, et, après quelques heures passées en voltiges rapides sur l’aile de Mercure du patin, l’on prenait le thé, et l’on mangeait du gruau dans une isba voisine de l’étang, où l’on était assis sur des bancs de sapin, près du poêle très-haut dans lequel se consumait en brasier un monceau de bûches amoncelées.

L’hiver russe n’interrompt pas les relations, au contraire, il les rend plus faciles, car les obstacles naturels, cultures et cours d’eau, n’arrêtent plus les attelages et servent, au contraire, de voies directes. Les chevaux, excités par le froid et aussi par les mots d’amitié dont les comblent leurs intrépides cochers, fendent l’espace avec une sorte de frénésie, et le sillage des traîneaux semble aussi prompt à la vue que celui d’un train de chemin de fer.

Les visites abondaient à la Mouldaïa, mais depuis l’accident de l’automne, Mlle Mertaud avait conquis assez d’empire sur Stéphane pour l’empêcher de se distraire de ses études en suivant les chasses organisées par les visiteurs, ou en paraissant trop souvent au salon. Ce n’est pas qu’il obéît sans murmure, avec cette bonne grâce