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les coups de feu, en vint à bout. Il pleurait, sanglotait, s’arrachait les cheveux et n’osait pourtant pas approcher de sa bête, car il redoutait les efforts de vengeance dont l’agonie des fauves est capable.

Mais Napoléon n’était plus à craindre. Un des coups de feu avait pénétré dans son eil droit, un autre avait troué sa poitrine, et son corps d’où suintaient de longs ruisseaux de sang noir n’était plus agité que par les derniers frémissements de la mort.

En un instant, la chambre fut pleine de monde. On parla d’abord sans s’entendre, sans s’expliquer ce prodigieux événement d’un ours niché chez M. Carlstone, et de cette chasse au fauve, vaillamment faite dans un espace de dix pieds carrés. Enfin la lumière se fit, grâce aux lamentations du bohémien, et Mlle Mertaud manda Stéphane par devers elle sans que la comtesse, indignée cette fois contre son petit-fils, invoquât quelque excuse en sa faveur.

Ce ne fut qu’après avoir interrogé contradictoirement M. Carlstone, Arkadi, Ermolaï et le bohémien que Mlle Mertaud fit appeler Stéphane.

Il ne se fit pas attendre cette fois ; il comparut tout de suite devant le tribunal de famille qui siégeait dans la chambre de M. Carlstone. Son premier regard fut pour sa grand’mère dont il attendait assistance ; mais la comtesse ne pensait pas à le soutenir. Elle jeta sur lui un regard triste et sévère.