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donnera pas, car sa grand’mère Praskovia Stepanovna céderait, je crois, sa fortune entière pour le conserver, l’innocent.

— Ah ! c’est un triste jour de fête, et les saints rois ne seront pas honorés aussi gaiement que de coutume, » reprit la vieille paysanne, tandis que l’ambitieuse, qui convoitait les honneurs et les profits dont avait parlé le valet, s’acheminait à grands pas vers la maison seigneuriale.

Un groupe de vieillards aux joues rosées, à la longue barbe blanche, vint aux informations près d’eux, et toutes ces figures naïves, auxquelles l’âge n’avait pas enlevé cette expression de candeur qui reste dans d’autres pays l’attribut de l’enfance, se voilèrent de tristesse. Plusieurs mêmes ne retinrent pas leurs larmes.

Que Dieu protége notre père Pavel Stepanowitch, car je ne sais pas s’il s’en consolera jamais, dit l’un d’eux.

— Pourvu qu’il ne prenne pas son bien seigneurial en haine, dit l’autre. S’il allait nous livrer à quelque intendant ?…

— Oh ! Semmenek pense toujours à lui, répartit un troisième scandalisé de l’égoïsme de cette crainte. Il est vrai que les bons seigneurs sont rares, et quand on appartient à un mauvais maître, « Dieu est si haut, et le czar si loin[1] ! »

  1. Proverbe russe.