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Tout engourdi qu’il puisse être par l’ivresse, un ours qu’on réveille de cette façon retrouve à l’instant son instinct de fauve. Napoléon bondit, et sauta de toute la longueur de sa corde tout contre M. Carlstone, à la face duquel il souffla sa colère dans un long hurlement. Il l’aurait étreint de ses griffes puissantes si l’Anglais n’eût fait en arrière un bond analogue qui maintint la distance entre Napoléon et lui, tout en livrant un pan entier de son habit à l’animal ; mais l’affaire était sérieuse : l’animal était là, furieux, menaçant. Il y allait de la vie M. Carlstone… Une, deux, trois, quatre détonations se pour suivirent avec la précision d’un feu de file.

Des cris y répondirent de toute la maison et particulièrement du corridor. Arkadi s’évertuait à ouvrir la porte ; mais M. Carlstone, ne sachant pas la bête attachée, avait eu la précaution de s’adosser à cette porte à mesure qu’il s’était éloigné de l’animal, dans la pensée d’empêcher l’enfant d’entrer ; et il restait là, dans cette chambre remplie de la fumée des détonations, grave, impassible, gardant son dernier coup pour le cas où la bête, résolue à reprendre avec lui une lutte suprême, se lèverait du plancher où il l’avait vue tomber.

Ce fut du dehors que vint l’assaut. Arkadi tournait et retournait le bouton de la serrure. Il voulait secourir son ami ; l’enfant était brave. Quant à Stéphane, il s’était enfui, épouvanté de son œuvre. Mais si Arkadi ne réussit pas à entrer, le bohémien, qui était accouru en entendant