Page:Blandy - Le Petit Roi.djvu/128

Cette page n’a pas encore été corrigée

doute ; voyez comme mon lit est ravagé. » Et sans rien vérifier de plus près, l’excellent homme ajouta : « S’ils sont venus voler jusqu’ici, dans quel état auront-ils mis l’appartement de la comtesse ? J’y vais voir. »

Un ronflement sonore de Napoléon l’arrêta. À ce bruit, et comme précaution préliminaire de ce qui pouvait se passer, il prit Arkadi à l’épaule, le fit sortir de la chambre, et s’y enferma. L’idée lui était venue que son voleur, quel qu’il fût, s’était endormi chez lui par imprudence. Une fois son élève en sûreté, M. Carlstone prit sur la cheminée un revolver chargé à cinq coups, alluma fort posément deux bougies et s’avança vers le lit avec précaution.

Tout d’abord, il ne distingua qu’une forme vague drapée dans son mac-farlane et dans les couvertures en désordre ; puis, la lumière des bougies s’assurant, il aperçut le museau de l’ours béatement étendu sur l’oreiller, et il se prit à rire, car il s’imagina avoir rêvé le ronflement. Il crut que c’était une tête, une peau d’ours empaillé que Stéphane, car il accusa immédiatement Stéphane de cette malice, avait sans doute placée là pour l’effrayer.

L’animal ne bougeait pas, ce qui aidait à l’illusion. Néanmoins M. Carlstone n’eût pas été Anglais si, sur une simple supposition, il eût abdiqué toute prudence. Sans quitter le revolver qu’il tenait de la main droite, l’index sur le ressort, il prit sa canne de la main gauche et en asséna un grand coup sur le museau du dormeur.