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fut fort aimable pour M. Carlstone et se glissa sur ses pas pour ne rien perdre de la scène qui allait avoir lieu.

On était en automne et la nuit tombait avec la rapidité propre aux climats septentrionaux. La pénombre dans laquelle était la chambre de M. Carlstone ne lui aurait pas laissé remarquer tout de suite le désordre inaccoutumé qui y régnait, si Arkadi ne l’eût accompagné pour ranger les acquisitions de la journée, plantes et fleurs.

« Oh ! monsieur, s’écria l’enfant, l’encrier renversé sur votre beau Molière, vos lunettes en miettes et votre bonnet de fourrure, votre superbe bonnet tout en loques. » M. Carlstone, qui poussait le soin jusqu’à la minutie, constata le dégât, soupirant à chaque objet cassé ou maculé.

« Qui a pu faire toutes ces sottises ? se demanda-t-il tout haut. On dirait l’euvre d’un singe malfaisant, et il n’y a pas, Dieu merci ! d’animaux de cette sorte dans la maison.

— Je n’y comprends rien, dit Arkadi ; et si ce n’était pas si bête et si méchant, je croirais… » Il s’arrêta, tout honteux d’avoir pensé à Stéphane.

« C’est quelque pauvre diable de valet qui se sera enivré, reprit le bon M. Carlstone ; ou plutôt, attendez ! La comtesse a été absente aujourd’hui ; ses gens se seront relâchés de leur service, et l’on parle tant de ces bandes de voleurs qui courent la campagne… Plus de