Ce projectile rencontra dans sa chute une pile de livres peu solide, placée sur la table de travail de M. Carlstone, et la renversa sur un gros encrier de porcelaine qui fut brisé. L’encre jaillit de tous côtés, et ce désastre, qui arracha une série de blasphèmes au bohémien, causa une telle frayeur à l’ours qu’il se tapit dans un coin sans en vouloir bouger.
Quand le montreur eut épuisé pour l’en faire sortir menaces et coups de bâton, il eut recours au moyen suprême et se fit apporter un grand verre d’eau-de-vie, puis attirant Napoléon par cet appât, il le fit sauter sur le lit au pied duquel il attacha sa corde, et il lui octroya le somnifère qui devait le rendre inoffensif.
Au bout de quelques minutes, après avoir bâillé et s’être trémoussé de façon à endommager singulièrement la fraîcheur du mac-farlane et à faire un chenil du lit de M. Carlstone, Napoléon s’endormit.
Le bohémien n’était cependant pas rassuré, il se refusait à quitter sa bête ; mais outre qu’il n’y avait pas de place pour cacher un homme dans la chambre, il n’était pas prudent non plus d’y laisser ua compère habile de ses doigts et peu scrupulcux comme le sont tous les bohémiens ; aussi Ermolaï l’emmena-t-il à l’office qu’on nomme en Russie la pikarnia.
Stéphane, se délectant dans son œuvre, se mit en observation, et plus heureux que la sœur Anne du conte, il vit bientôt arriver les promeneurs. Il alla à leur rencontre,