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daignait donner de temps en temps des signes de satisfaction.

Après cette danse nationale, qui avait mis en relief des mérites chorégraphiques inconnus à nos théâtres de ballets, les montreurs d’ours tournèrent les longues cordes attachées aux muselières de leurs bêtes, et voici celles-ci sautant à la corde aussi légèrement, sinon avec autant de grâce, que les petites filles des Tuileries.

Après une série d’exercices divers, l’on apporta de l’eau-de-vie aux bohémiens. Au cliquetis des verres, les ours, qui s’étaient accroupis pour se reposer, se levèrent d’un bond et accoururent pour avoir part à la distribution. Les montreurs les démuselèrent et leur offrirent une ration suffisante que les animaux gourmands savouraient avec une avidité visible.

Le bruit du passage des ours avait été porté sans doute par quelque passant à la maison seigneuriale, car au moment où les bohémiens, après avoir remercié l’assistance des kopecks et des tributs en nature qui avaient récompensé leur savoir-faire, se disposaient à rejoindre leur campement, Axinia vint tout à coup dans le cercle qui ne s’était pas encore rompu, et alla parler tout bas à l’un des joueurs de violon.

« C’est très-possible, dit celui-ci, mais il faut auparavant que je musèle Napoléon. Ce n’est pas qu’il soit méchant, mais quand on a un coup d’eau-de-vie dans la tête !… » Il musela l’animal et le fit tomber sur ses quatre