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Ce fut dans ce mot naïf que la gouvernante recueillit le secret de la tyrannie que son élève exerçait sur tout son entourage ; c’était à qui plierait devant lui sans réagir jamais contre son humeur impérieuse, et il s’y livrait, sans retour sur lui-même, avec une bonne foi inconsciente qui ne lui permettait pas de comprendre les leçons que lui donnaient parfois des êtres moins dressés que ses mougiks ou ses valets à l’obéissance passive.

Selon la prédiction d’Arkadi, le chien chinois, Mandarin, s’était pris peu à peu d’aversion pour Stéphane ; son refuge habituel était la jupe de Mlle Mertaud, derrière laquelle il se retranchait dès que son maître, faisant claquer son fouet, l’appelait pour lui apprendre à sauter au cerceau, à rapporter et à faire l’exercice.

D’aimable caractère d’abord, cette bête, tour à tour choyée et malmenée sans raison, était devenue grognon et irascible ; mais elle n’avait jamais manifesté la plus légère velléité de révolte, lorsqu’un jour Stéphane imagina de se donner le spectacle d’un combat de chiens.

Il y avait justement au village un chien de Crimée, au poil gris en broussailles, à l’œil sanglant et farouche ; il le fit amener, attacher dans la cour et l’y laissa jeûner toute une journée ; le lendemain matin, après avoir excité Mandarin en lui montrant la bête étrangère, il fit lâcher celle-ci.

L’événement ne répondit pas à son attente. Mandarin,