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poudreux, tout mouillé de sueur, par la hâte qu’il avait mise à courir afin de ne pas manquer l’heure de la leçon. Stéphane l’accueillait d’un air rogue et répandait de l’eau de Cologne autour de la table de travail pour annuler, disait-il, l’odeur de fumier et de poussière que, selon lui, le maître de latin apportait avec lui.

Le pauvre M. Gratitude — les Russes sont grands donneurs de surnoms et celui-ci avait été vite adopté à la Mouldaïa — rougissait, essuyait sa face ruisselante, et subissait humblement cette avanie. Une fois la leçon commencée, sa réelle instruction et la clarté avec laquelle il s’exprimait après quelques minutes d’embarras, finissaient par imposer le respect, un respect momentané, à Stéphane.

Ce n’était pas seulement à M. Gratitude que Stéphane faisait sentir la supériorité de sa naissance et de sa position ; il n’y avait pas jusqu’à Axinia qu’il ne rebutât souvent par pur esprit de domination, car il l’aimait sincèrement, et s’il avait refusé de la voir autrefois, c’était par jalousie d’affection ; lorsqu’il l’avait fait chasser par Ermolaï, il ignorait la cause qui amenait cette pauvre femme à la maison Alénitsine. C’était son affection rancunière et égoïste qui l’avait emporté.

« Les seigneurs sont les seigneurs, qu’y a-t-il à dire lorsqu’ils daignent se fâcher contre nous ? » dit Axinia à Mlle Mertaud qui la trouva un jour pleurant pour une bourrade de Stéphane.