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par les dessins déjà un peu creusés des croix. Sous le fer des instruments, la glace criait, s’effritait ; en quelques minutes, le rideau cristallin fut rompu, et par l’ouverture faite, l’on put apercevoir l’eau limpide de l’étang.

Le pope s’avança alors, le crucifix en main, et le plongea trois fois dans le trou béant pour bénir l’élément liquide. À la troisième, tous les assistants élevèrent des cierges allumés ; une décharge de coups de fusil se fit entendre et arracha quelques petits cris à la partie féminine de l’assistance.

La cérémonie religieuse était terminée, car le pope reprenait le chemin de l’église avec son cortége ; mais au lieu de se quereller comme d’habitude à qui plongerait des premiers ses mains et son visage dans l’eau des trous consacrés afin de s’assurer une bonne santé pour le reste de l’année, les mougiks, hommes et femmes, restèrent quelque temps préoccupés d’un événement qui s’était passé à la fin de la cérémonie. Un second traîneau lancé à fond de train était venu chercher le comte Alénitsine qui était reparti aussi rapidement, conduisant lui-même, et laissant sur l’étang le valet qui était venu le trouver. En un instant, celui-ci fut entouré.

Qu’y a-t il donc ? lui demanda-t-on de toutes parts.

— Joie et tristesse ! répondit-il en secouant la tête. Notre jeune maîtresse se meurt et il nous est né un beau garçon ! Quand je pense que le pope va trouver un Alé-