Page:Blandy - La Teppe aux merles.djvu/73

Cette page n’a pas encore été corrigée

de la verser dans une soupière où étaient taillées de minces tranches de pain. Cette sorte de potage nommé brienou dans le Mâconnais, y est considéré comme un régal, et après avoir tendu deux fois son assiette à son oncle qui servait tous les convives, Rosalie déclara que sa condition de poupée à la Teppe aux merles était un sort très doux.

« Comment ? quelle poupée ? » demanda le maître de la maison.

Les trois enfants éclatèrent de rire, et pendant l’explication qu’ils donnaient en se reprenant l’un l’autre à mesure que la respiration était coupée à l’orateur par une fusée de gaieté, Jeannette disait à Madeleine Franchet :

« Elle est trop gentille, cette Rosalie. Un vrai lutin ! Si vous l’aviez vue singer une poupée de bois tout à l’heure ; Reine lui levait la main en l’air, et la main y restait ; elle lui tournait et lui baissait la tête, et tout ça allait comme avec des ressorts. Non, elles étaient à mourir de rire toutes deux. Dites donc, madame Franchet, il me reste un peu de pâte. Si je la démêlais avec des œufs, et si je leur faisais quelques gaufres, à ces enfants ? »

Le feu à demi éteint dans l’âtre de la vaste cheminée pétilla tout à coup de la vive flambée