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Lors du mariage de celle-ci, il avait été convenu qu’on ne partagerait point la propriété, mais qu’elle aurait la moitié de son rapport jusqu’au jour où Claude Franchet pourrait lui en payer sa part.

C’était pour atteindre ce but que les Franchet travaillaient dur, économisaient strictement.

Madeleine Franchet venait de rendre compte à son mari du prix qu’elle avait tiré de ses denrées à la foire, et il disposait en petits tas les écus, les pièces blanches et les gros sous, pendant qu’elle ouvrait la caisse Pour y ranger celle rentrée d’argent.

« Tiens ! lui dit-il, tu dois oublier quelque achat que tu auras fait, car il manque quelque chose… juste ce qu’on te paye d’habitude un des coupons de ces obligations à tante Ursule. »

Madeleine se troubla. C’était vrai ; le changeur avait refusé de lui payer ce coupon qui, d’après lui, avait une bien autre valeur que celle des quelques francs de son revenu semestriel, Fallait-il donc tout révéler à son mari, le plonger dans cette incertitude fiévreuse qui la tourmentait elle-même ? Non, Madeleine ne le voulait pas. Et, pourtant, elle ne voulait pas mentir. L’horreur du mensonge faisait le fond de sa nature franche.