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saient le fond, les épaules accotées aux vieux saules. Elle s’était promis un grand plaisir d’avoir son père à elle toute seule. Ce n’allait pas être la même chose à la maison où les vides à la table de la maman et du grand frère rendraient le repas triste,

En effet, il ne fut pas gai ; Claude Franchet expédia sa soupe et le lard aux choux ; ce ne fut qu’au moment d’entamer le fromage de chèvre, dur et s’émiettant sous le couteau à Ja façon d’un morceau de savon sec, qu’il demanda :

« Qu’a-t-on fait ici depuis ce matin ? »

Jeannette dînait avec ses maîtres, au bout de la table qui tenait le milieu de la grande cuisine ; ce n’était pas par besoin d’être servis que les Franchet avaient une domestique, mais parce que les soins à donner aux bestiaux et aux hôtes nombreux de la basse-cour ainsi que le beurre à battre et le lin à filer étaient une tâche au-dessus des forces d’une seule personne : Jeannette gagnait bien à ses maîtres le pain qu’elle mangeait chez eux, car elle ne reculait devant aucune besogne champêtre, et plus d’une fois elle avait épargné à Claude Franchet la dépense d’un tâcheron gagé. Aussi gardait-elle son franc parler, ainsi qu’il y parut à sa réponse.

« Je n’ai pas abattu autant d’ouvrage que