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qu’elle est un caractère à part et une âme, à certains égards, d’élite. Ce n’a pas été d’une personne ordinaire de ne pouvoir prendre de repos ici et de courir à travers la nuit à un triste devoir. Notez qu’Andrésita trouvait grave la faute de désobéir à son hôte ; sa première parole, en me voyant, a été pour s’excuser et me dire que « ç’avait été plus fort qu’elle ». Elle a causé en arrivant là-bas une peur affreuse au jardinier des Effraies qui gardait le mort sans oser rester dans la pièce où on l’avait disposé et qui stationnait de l’autre côté de la porte. Il a pris Andrésita pour un fantôme et s’est sauvé… Mais ce qui m’a prouvé la fierté de cette fille, ce que je vous disais de son caractère, c’est qu’elle ne veut rien devoir à M. de Capmont, pas même les premiers frais qu’on a faits pour le mort et qu’elle m’a chargé de payer. Elle a refusé également les mets qu’on lui envoyait. Voilà pourquoi j’envoie là-haut Cadette Destos. Vous stylerez la vieille femme fin qu’elle s’ingénie à faire manger et se reposer Andrésita d’ici au moment des funérailles, qui n’auront lieu que demain matin.