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loin d’elle tout souci de ce qu’elle pourrait devenir.

Elle but, elle mangea même, mais avec peine, en s’efforçant, suivant son expression. Elle en fut ranimée. Sa figure perdit ces teintes livides qui mettent comme des taches de craie sur les teints olivâtres.

« Et maintenant, » nous dit-elle en se levant, « je vous remercie de vos bontés, mais il est temps que je m’en aille. Vous comprenez bien que je ne puis pas le laisser seul ou veillé par les gens de là-bas. »

Grand-père lui promit de la conduire aux Effraies de grand matin : on ne pouvait lui permettre d’y aller seule, en pleine nuit. Il épuisa tous les raisonnements possibles pour lui prouver que son projet était impraticable. Il finit en l’assurant que nul des honneurs mortuaires ne manquerait à son père.

« Il n’était pas mon père, » dit Andrésita, « mais le frère de ma mère, le seul parent qui me restât. Notre village a été brûlé pendant la guerre carliste ; tous les miens ont péri : père, mère et deux frères, deux beaux jeunes hommes. Ils ont tous eu nos larmes et nos