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Ils allaient disparaitre à l’angle de la rue du Pont quand je les vis ôter leurs bérets à un passant qui s’avançait vers la place à grands pas.

« Bonsoir, monsieur de Capmont, » dit un des artisans.

Que venait faire si tard à Montserrou ce gentilhomme ruiné qui passait sept mois de l’année à son château, ou pour mieux dire à sa bicoque des Effraies, afin de se permettre cinq mois d’existence parisienne ? Après m’être adressé cette question, comme la réponse à y faire m’était impossible à trouver, et que d’ailleurs elle ne m’intéressait guère, j’allais fermer ma fenêtre pour aller dormir, quand j’entendis frapper deux grands coups à la porte d’entrée de la maison. M. de Capmont était entré juste sous l’arcade qui supportait mon balcon. C’était évidemment lui qui frappait à cette heure indue. Grand-père ne le recevait point. On se saluait simplement par les chemins. Cette visite à onze heures du soir était donc un événement.