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eu des moments de langueur, de paresse, où j’avais trouvé très dur le règlement inflexible qui disposait de toutes les heures de mes journées.

Aucune étude ne m’avait coûté tant de larmes que celle du piano. J’aimais pourtant la musique et, même toute petite, j’accourais du jardin au salon dès que j’entendais le violon de grand-père, qui était un excellent musicien. Tante Paule me contait que jadis, quand ils habitaient Foix, il donnait chez lui des séances de musique de chambre dont il était le meilleur exécutant.

Mais, quand il fallut remuer en mesure mes doigts sur le clavier, ce fut une tout autre affaire. Grand-père ne laissait passer ni une fausse note, ni une faute de rythme. Sa sensibilité auditive était extrême, et, comme il e me laissait rien jouer sans me donner la note sur son violon, dès que je me trompais, son archet me cinglait les doigts. Je me mettais à pleurer. Tante Paule accourait ; mais à la première occasion grand-père se livrait à la mème vivacité, malgré lui, disait-il.