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« Non, mais je prétends lui faire acquérir des muscles solides, consolider sa frêle structure en lui élargissant la poitrine et en harmonisant ses fonctions physiques. »

Tante Paule prenait de plus mauvaise grâce encore les études scientifiques aux éléments desquelles grand-père m’initiait.

Elle s’écria un matin avec un accent désolé, en nous voyant tirer d’une caisse, venant de Paris, une mappemonde sur pied, un système solaire, une loupe, une boite de compas, quelques figures géométriques en bois, et un carton de gravures coloriées représentant des végétaux et des minéraux :

« Mon Dieu ! vous voulez donc faire d’Anna une savante ?

— J’en serais bien fâché, » répondit grand-père en souriant, « mais encore plus si je la laissais ignorante.

— Et tous ces livres d’histoire que vous lui faites lire, et ces conversations qui dépassent ma portée et où vous parlez à cette petite fille des causes de la chute de l’empire romain, de la formation des mots de notre langue, de la lutte pour l’existence qu’a inventée je ne sais