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et qu’elle représentât la dot de ma mère. — Nous ne partions jamais pour cette métairie sans que j’allasse garnir mes poches, mon sac, le fond de mon chapeau de soleil, de gros morceaux de pain que j’échangeais à Palommiers avec les enfants du métayer contre du pain de maïs, qui était un régal pour moi.

La métayère me disait bien, en me coupant des tranches énormes de sa miche couleur d’or, à pâte fraiche et grenue, à croûte brune :

« Ce n’était pas la peine d’apporter du pain blanc, mademoiselle Anna. Tout est à vous à Palommiers. »

Mais j’aurais cru lui être à charge sans cet échange, et puis ses enfants, Bernard et Mariannette, mordaient dans mon pain blanc avec la mème gourmandise satisfaite que moi dans leur pain de maïs, et nous courions tous les trois au verger. Bernard montait dans les figuiers et jetait des figues dans mon tablier, tandis que Mariannette cueillait pour moi des fraises qu’elle m’apportait dans une large feuille de chou.

Le bon temps que celui-là ! Je trouvais qu’il était toujours trop tôt pour redescendre à