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place que mon balcon dominait, et c’était vraiment dommage qu’il n’y eût personne pour admirer les jeux du clair de lune de cette belle nuit d’août.

La haute façade en briques de l’église, sa tour octogone à meurtrières et à créneaux était toute rose dans la lueur qui la baignait et qui allumait des feux de diamants dans les vitraux de sa rosace. La lune étendait sur les pavés un voile de blancheur que dentelaient en ombre portée, légèrement bleuâtre, les tuiles de la toiture de la halle qui tient le milieu de la place. Ses rayons pénétraient sous l’abri des arcades romanes des maisons qui me faisaient face, y traçant sur le carrelage en dalles des portiques lumineux encadrés par l’ombre des piliers.

Si la place était déserte, Montserrou n’était pourtant pas encore endormi. Il m’arrivait, de l’esplanade qui entoure notre petite ville, un de ces airs patois que les jeunes gens du pays chantent en chœur, à trois parties, avec cette justesse de ton qui est instinctive chez eux et un don du terroir. Cette mélodie m’arrivait par bouffées de sonorités éclatantes ; elle semblait