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tout à coup, tremblant d’avoir blessé les deux êtres dont le dévouement ne m’avait jamais manqué depuis que j’existais.

« Je ne relèverai pas, » répondit gravement mon grand-père, « ce qu’il y a d’attristant pour notre affection dans ce que tu viens de dire. Je préfère aller droit au fond du sujet de tes plaintes. Ton père est retenu à Paris par ses affaires. Il ne mérite pas les reproches que tu lui adresses, t’ayant confiée à des parents qui, j’ose l’affirmer, savent quelle mission sérieuse est l’éducation d’une jeune fille. Il peut d’ailleurs avoir voulu me consoler ainsi de la perte de ma fille Marcelline, de ta mère, ma chère Anna, morte dans sa vingtième année, après dix-huit mois de mariage. Je n’ai à entrer avec toi dans de plus amples détails que si tu te déclares décidément malheureuse dans la maison de ton grand-père… Ne réponds pas si vite, mon enfant. Je te laisse à tes réflexions jusqu’à demain soir. J’annule le programme d’études de la journée prochaine. Emploie tout ton temps à résumer ton passé de seize ans dans ton for intérieur ; si demain soir tu persistes à te trouver à plain-