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Je donnai passage à mes derniers sanglots et je m’enhardis assez pour répondre tout franc :

« Il me manque ce qu’ont les autres jeunes filles : l’affection de mon père. Pourquoi n’est-il pas ici avec nous, ou moi avec lui ? Pourquoi répond-il par quelques lignes banales aux lettres que je lui écris deux fois par an ? Autrefois, je ne savais que lui dire dans ces lettres, mon père était un étranger pour moi. Je me creusais la tête sans trouver un mot, et vous me tiriez de peine en m’engageant à lui rendre compte de mes études. Je me rejetais sur ce chapitre, heureuse qu’il me fournit une matière de correspondance… Est-il naturel que les rapports soient tels entre un père et sa fille ?… Depuis que je suis grande, sachez que je ne lui ai pas écrit une seule fois sans me demander s’il ne serait pas dans mon droit de me plaindre à lui de son insouciance à mon égard. Mais j’ai craint d’être irrespectueuse, et aussi de commettre une injustice. Sais-je pourquoi il me laisse si loin de lui, pourquoi il ne vient jamais me voir ici ? »

Après avoir parlé d’abondance, je me tus