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l’empêchent pas de sentir d’elle-même qu’elle est malheureuse.

— Paule, » répondit grand-père, « vous avez respecté la lettre et non l’esprit de votre promesse. Voici, d’ailleurs, de trop grands mots pour peu de chose, Cette disproportion peut faire rêver Anna de cent infortunes romanesques dont, Dieu merci, sa destinée est exempte. Si elle pleure, c’est que vous l’effrayez, Paule, par vos attendrissements sans sujet… Voyons, Anna, essuie tes yeux et dis-moi s’il sied à une jeune personne de seize ans de pleurer comme une petite fille, sans savoir pourquoi. »

J’obéis à l’instant. L’autorité de grand-père n’était pas de celles qui se laissent méconnaitre. Je me levai, j’essuyai mes yeux et mes joues ; mais les larmes y revenaient à flots malgré moi. Pendant le peu d’instants que j’étais restée la tête enfouie dans les jupes de tante Paule, mon imagination m’avait présenté des sujets de chagrin auxquels je ne m’étais jamais arrêtée jusque-là, tant la réserve observée à mon égard les avait éloignés de ma pensée.