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un sourire qui me paya de mes efforts pour les contenter.

Ils n’étaient, ni l’un ni l’autre, prodigues de louanges à mon égard, ce qui donnait un grand prix à leurs plus légers encouragements. J’étais donc radieuse de leur approbation, lorsque tante Paule tira un long soupir du fond de sa poitrine et dit, en me regardant avec des yeux humides :

« Chère Anna ! Pauvre… pauvre petite ! »

C’était là une exclamation familière à tante Paule ; mais elle ne s’en servait jamais qu’à mon sujet, et du ton le plus navré, surtout quand elle me voyait en gaieté ou en succès. J’avais longtemps accepté, avec l’insouciance du jeune age, la commisération que ces deux mots faisaient tomber sur moi ; puis je m’en étais étonnée et j’avais demandé à tante Paule en quoi elle me trouvait à plaindre. Je n’avais obtenu d’elle que la répétition de ces mèmes mots qui décidément étaient son refrain à mon égard.

Peut-être les aurais-je laissé passer ce soir-là, comme d’habitude, sans soupçonner qu’ils déploraient une injustice du sort à mon égard ;