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Vous m’aviez permis de me promener un peu pendant qu’Asicot était attaché là-bas, et je suis resté trop longtemps sur ce coteau. Je m’amusais à regarder venir l’orage ; je ne le sentais pas si près.

— Et moi aussi j’ai été attardé au village, répondit l’homme, en montrant cinq ou six ustensiles de cuisine attachés ensemble et qui faisaient un bruit de ferraille sur son épaule. Je croyais que tu allais venir au-devant de moi. J’avais trouvé une écurie pour notre brave Asicot, une grange pour la charrette. Qui aurait cru qu’il y avait des voleurs dans ce pays-ci ?… Mais où sont-ils passés ? Rien ne bouge. Les as-tu vus tomber, Vittorio ? Moi, j’avais la vue troublée en courant.

— Ils ont sauté de l’autre côté de la haie, oh ! bien malgré eux, répondit le jeune garçon. Il faut voir s’ils ne se sont pas fait du mal dans cette culbute.

— Oh ! c’est bien le cadet de mes soucis, repartit l’homme, en prenant des mains de Vittorio la gaule que celui-ci avait coupée sur les hauteurs de Marna. Foi de Jacques Sauviac, je jure bien que j’étrennerai cette houssine sur leur dos. »

Vittorio sourit. Il savait sans doute à quoi s’en tenir sur les corrections que son père était capable d’infliger. En effet, lorsque Jacques Sauviac, après avoir constaté le dommage causé à son équipage, trouva, de l’autre côté de la haie, Pétrus Courot, relevé le premier, et qui lui présentait sa figure déchirée par les chaumes du blé coupé quelques jours auparavant, il se borna à le prendre par l’oreille et à lui dire :

« Méchant cocher de deux sous, c’est dans les fossés que tu veux faire trotter les charrettes ? Tu es bien heureux de n’être qu’un brimborion d’homme. Si tu avais six pouces de plus, je te ferais valser comme une toupie à la musique de cette bonne gaule. Tu en seras quitte pour me remplacer