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pieds de derrière pour maintenir la charrette en place.

Cependant Pétrus en vint à ses fins, après une lutte dans laquelle il vainquit le mulet en entêtement. À bout de ses signes de rébellion, l’animal, baissant les oreilles, se décida à traîner la charrette au milieu du chemin.

« Là ! voilà comment je sais me faire obéir, dit Pétrus à ses compagnons qui s’étaient tenus à l’écart pendant cette entrée en connaissance un peu accidentée. Maintenant montez vite, et partons. Voici le marchepied pour Alice. Je vais l’aider.

— Le charretier n’est pas encore revenu, dit Paul en regardant à droite et à gauche. Qui donc nous conduira ?

— Que tu es naïf ! Le cocher c’est moi donc ! J’ai mené d’autres chevaux que cette bête à-oreilles d’âne. Elle mérite bien de les porter sur sa tête, l’obstinée !

— Oui, montons vite, dit Alice, voici que la pluie mouille, et il m’est tombé sur la main comme une petite pierre qui m’a fait mal.

— C’est de la grêle, dit Pétrus. Tout à l’heure elle va tomber dru ; le ciel est jaune sale.

— Mais, fit Paul indécis, quand le charretier reviendra, il ne trouvera plus sa voiture. Que dira-t-il ?

— Bon ! pourquoi la laisse-t-il toute seule par les chemins ?

— Non, décidément, Alice et moi nous ne partirons pas dans cette charrette, dit Paul. S’en aller dedans, c’est emporter le bien d’autrui, c’est faire comme les voleurs. Je vais chercher un arbre bien touffu pour cacher Alice dessous… Ah ! mon Dieu ! l’oncle Philibert m’a appris que les arbres attirent la foudre, et voilà le tonnerre qui gronde. Attends, Alice, je vais te jeter ma veste sur le dos, nous nous mettrons à courir jusqu’à Uchizy.

— Bah ! jusque-là ? c’est trop loin, répondit Pétrus. Tu as