Page:Blandy - L Oncle Philibert.djvu/85

Cette page n’a pas encore été corrigée


CHAPITRE VI

SANS ABRI PENDANT L’ORAGE. — LA CHARRETTE VOLÉE. FUNESTES SUITES D’UNE ÉQUIPÉE. LE REBOUTEUR. — SUBITE SYMPATHIE DE PAUL POUR L’ENFANT INCONNU.


Après avoir fait à ses compagnons cette annonce mystérieuse, Pétrus Courot grimpa sur un arbre voisin. Dominant de ce poste élevé tous les coudes du chemin qui descendait des hauteurs de Marna jusqu’à la grand’route, il aperçut personne, ce qui lui donna la sécurité dont il avait craint de manquer pour l’exécution de son projet.

Ce projet en lui-même n’avait rien qui ne dût plaire à ses amis, car l’orage s’était accentué plus vite que ne l’avait prévu leur bonne hôtesse de Chardonnay. Les feuillages ployaient et se tordaient sous le vent, aux sifflements duquel se mêlaient, comme la basse grave d’un chant aigu, les lointaines trépidations de la foudre. Le feu pâle des éclairs rayait de sa déchirure en zigzag les nuages amoncelés, et de larges gouttes de pluie, tombant une à une, s’étalaient avec un bruit mat sur le chapeau d’Alice, comme annonçant aux enfants qu’il était temps de chercher un, abri, s’ils ne voulaient être transpercés par l’orage.