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la lourdeur stupéfiante de l’atmosphère. Aussi la déception des enfants fut-elle grande lorsque, en arrivant à la maison de la cousine aux gaufres, à la balançoire et aux poules chinoises, ils trouvèrent portes et volets fermés.

Pétrus Courot savait bien qu’il n’était pas attendu ; mais il n’avait point prévu le contre-temps d’une absence, et il s’était cru sûr que sa cousine se mettrait en frais, sinon pour lui, du moins pour les petits-fils de maître Chardet des Ravières. Pendant qu’il frappait à coups redoublés au portail, sans éveiller d’autre écho que les aboiements d’un chien attaché dans sa niche, Alice s’était laissée tomber au pied d’un noyer, éventant de son chapeau de paille sa figure rougie par la réverbération du soleil sur la route poussiéreuse.

« Ma petite demoiselle, vous allez prendre mal en vous asseyant au frais, lui dit une voisine qui filait sur le sa porte. Entrez chez nous, si vous voulez vous reposer. Les gens d’à côté sont à la foire de Pont-de-Vaux, et ils ne seront de retour qu’à la nuitée.

— Eh bien ! voilà une drôle d’histoire ! s’écria Pétrus Courot, sans se déconcerter. Je me souviens maintenant que c’était demain que ma cousine m’avait invité. Je suis un étourdi ! pour J’ai confondu les jours… Ah ! mais c’est ennuyeux de s’en retourner sans rien prendre ! J’ai faim et surtout soif. Sais-tu, Paul, il y a un trou à la haie du jardin de ma cousine, j’y vais passer pour aller cueillir des fruits. Viens donc avec moi ! »

Paul refusa de s’associer à cette indélicatesse. Il essaya d’empêcher son camarade de la commettre ; mais Pétrus ne l’écouta point, et Paul profita de la bonne volonté de la voisine pour aller s’asseoir dans sa maison, où il trouva sa sœur déjà attablée devant un bol de lait froid, dans lequel l’hôtesse hospitalière lui émiettait un quignon de pain bis.