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— Mais non, Pétrus, répondit Alice ; Paul a promis à mon oncle qu’il ne me quitterait pas de la journée. »

Pétrus, à qui le mensonge ne coûtait guère, avait une imagination prompte pour agencer une fable. En traversant le quartier du château, il avait rencontré Mme Chardet entrant dans la boutique d’un marchand, et, bien qu’il trouvât peu récréatif d’emmener une petite fille par les chemins, il préféra ce surcroît de compagnie à l’abandon de son projet de promenade.

« Eh ! justement, dit-il, c’est ce que m’a dit Mme Chardet que j’ai rencontrée : — Emmenez Alice avec vous ; elle s’ennuierait toute seule. »

Alice hésita ; mais Paul fut vite alléché par l’énumération des plaisirs que lui promettait Pétrus. Il y avait une balançoire dans le jardin de la cousine de Chardonnay ; on devait manger des prunes de reine-claude et des abricots ; la cousine faisait très bien les gaufres ; ses grands fils avaient un jeu de boules et de tonneau ; de plus, on pouvait arranger une séance de lanterne magique en fermant les volets pleins de la salle ; enfin, Alice verrait de petites poules de Chine, pas plus grosses que des pigeons, à plumage ébouriffé, et des lapins russes, pareils à des manchons d’hermine qui auraient de jolis yeux roses.

Tout cela était fort tentant ; cependant Alice persistait à attendre le retour de sa tante pour lui dire adieu ; mais Pétrus, qui avait de bonnes raisons d’éviter ce délai, pressa si fort ses amis de partir, qu’ils se mirent en route bien avant que Mme Chardet eût fini ses achats dans le quartier du Château.

D’Uchizy à Chardonnay, on ne compte que trois kilomètres. La route communale est belle et toute bordée de mûriers et d’églantiers, autour desquels s’enroulent, à cette époque de l’année, les vrilles du chèvrefeuille sauvage et de la clématite. À moitié chemin, Alice mit à son chapeau une guirlande