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ou prou, la mendicité n’existe pas. Aussi Paul baillait-il à bouche que veux-tu pendant les vanteries de Pétrus Courot ; il est vrai que celui-ci lui rendait la pareille lorsque Paul lui parlait de ses études d’histoire naturelle ; il ne trouvait, lui, les hannetons intéressants qu’au bout d’un fil.

Cependant à l’âge de Paul Thonnins on s’accommode mal de la solitude ; aussi voyait-il assez souvent Pétrus Courot, qui l’entrainait parfois à des escapades ; mais aucune n’eut des résultats aussi inattendus que celle où Pétrus engagea son camarade le premier jour où l’on faisait la moisson du domaine des Ravières.

Les champs de blé des Chardet étaient assez éloignés du village, sur le plateau qui borde la route départementale à la hauteur du Villars. Comme le manque de bras se fait sentir dans les campagnes mâconnaises, le maître des Ravières avait racolé, outre ses tâcherons ordinaires, une douzaine de ces Bressans qui traversent la Saône, en temps de moisson et de vendange, pour louer leurs services.

De tous les travaux champêtres, la moisson est celui qui exige le plus de promptitude d’exécution, vu qu’on coupe les blés dans la saison des orages fréquents. Aussi Claude Chardet avait-il pris tous les hommes de bonne volonté, jusqu’aux artisans d’Uchizy. Ceux-ci ne refusent jamais un coup de main ; ils quittent leur métier de tisserands, de cloutiers ou de sabotiers pour donner des coups de faux ou lier des gerbes, sans rien attendre de leur peine qu’un souper bien arrosé, un remerciement cordial, et, au besoin, dans le cours de l’année, un de ces menus services que les riches peuvent rendre aux gens peu fortunés.

Tout était sens dessus dessous aux Ravières dans l’attente de ces hôtes nombreux. L’oncle Philibert qui, dans les grandes occasions, servait d’aide de camp à son père, avait