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souffrait. Il tâcha de l’en distraire en l’associant à ses excursions dans les champs, qui avaient tout l’attrait d’une y prit grand goût, d’autant plus qu’il eut la gloire, étant fort léger à la course, d’attraper dans les saulaies qui avoisinent la Saône le morio, qu’on rencontre si rarement ; c’est un curieux papillon aux ailes pointues, déchiquetées, bordées de petites lunes couleur de violette et au fin corselet noir. C’était là un vrai trophée de naturaliste, et Paul en était fier ; mais ce naturaliste était un jeune garçon, et, quand il avait raisonné avec l’oncle Philibert sur la valeur de ses trouvailles, il aurait été content de s’ébattre en liberté avec un compagnon de son âge, de dépenser dans des jeux bruyants tout ce qui lui restait encore d’ardeur chasse. Paul après ses courses à travers les champs.

Or, en dépit du voisinage et de son caractère paisible, le Jean-Marie au père Billot, qui désormais était appelé le Bénicheux, grâce à la facilité avec laquelle s’adoptent les sobriquets, ne pouvait combler cette lacune. D’abord, depuis les premiers jours du printemps, il avait quitté l’école communale pour garder les bestiaux, ce qu’on appelle à Uchizy « aller en champs ». Il n’était donc aux Ravières que pendant le court espace de temps qui sépare la tombée de la nuit du coucher, car il partait dès l’aube, son panier de provisions au bras, son couteau dans sa poche pour amenuiser des gaules et creuser des noyaux en sifflets. Dès que ses bêtes rentraient à l’étable en laissant derrière elles une bonne senteur d’herbage frais et de lait, il se prêtait cependant aux fantaisies de son jeune maître. Mais, comme celui-ci était un brave petit cœur, il sentit bien vite que l’amitié implique égalité de droits, et il se retint lorsque la chaleur de son jeune sang le portait à allonger quelques gourmades, sans méchanceté ni traitrise, au Bénicheux ; question