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près du fauteuil où était assis l’oncle Philibert, tenant toujours Alice dans ses bras. Paul se jeta au cou de sa sœur en lui disant :

« Ne pleure pas, je reviendrai ! »

Et tout aussitôt l’émotion le gagna. Ce fut une de ces explosions propres aux natures vigoureuses et sanguines ; il se prit à sangloter tout haut, presque sans larmes, à trembler de tout son corps, en serrant de toutes ses forces le bras de l’oncle Philibert.

Le docteur fut surpris de cette vivacité d’impression, et, pour lui laisser un libre cours, il tourna les talons et alla observer des insectes enfermés dans des tubes de verre. Mais, au lieu de s’absorber dans cette occupation, il écouta les lamentations de son neveu, dans lesquelles s’entremêlèrent assez plaisamment ses regrets de quitter sa sœur et ses déceptions au sujet de ses études commencées.

« Oncle Philibert, dit Paul dès qu’il put parler, c’est bien sot à moi de pleurer comme une petite fille… C’est la faute d’Alice. Pourquoi a-t-elle commencé ? Tu n’es pas raisonnable, Alice. Est-ce que tu n’es pas la plus heureuse de nous deux ? On te caressera ici, on te gâtera, et moi je vais retrouver mon dortoir, mes diners au réfectoire, mes maîtres et les pensums à faire dès que j’aurai babillé en classe. Toi, tu verras l’éclosion de la likenée bleue et du grand flambé, et des vers à soie. Moi je ne pourrai pas aller faire la chasse aux phalènes avec une lanterne comme nous l’avions cru. Je ne commencerai pas de collection ; je ne courrai point à Arbigny, à l’Ezeratza, à Montbellet avec l’oncle Philibert. Tu vois bien que c’est moi qui suis le plus malheureux. Et si malgré cela tu montres tant de chagrin de me quitter, comment veux-tu que j’aie du courage ? Crois-tu que je n’en ai pas besoin ?… Ah ! les belles parties que nous aurions