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cette fois. Il y en a de longues, en filets, d’autres qui ont au bout des espèces de boutons, et encore d’autres qui ont des barbes ou des dents comme un peigne.

— Oui, dit Alice, on dirait que ces insectes-là portent des panaches sur la tête. Ils sont très coquets.

— Puisque tu connais si bien la cochenille, peux-tu me dire à quelle famille elle appartient ? demanda le docteur à son neveu qui resta bouche béante, très mortifié de ne savoir que répondre.

— Vous lui en demandez beaucoup, cher docteur, répliqua Philibert Chardet ; il ne connait encore que les grandes divisions naturelles entre les divers genres d’insectes. Je ne veux pas lui encombrer la mémoire d’une sèche nomenclature tant qu’il ne connaitra pas un grand nombre d’individus. Quand il sera familiarisé avec leur port, leurs qualités, leurs mœurs, il établira de lui-même entre eux des rapports qui lui permettront de les classer.

— J’admire cette sagesse de méthode, répondit M. Thonnins, et surtout l’intérêt que vous avez su inspirer pour une étude quelconque à ce cher Paul, qu’on me donne à Lyon pour le garçon le plus étourdi, le plus dissipé du monde. Ce que j’apprends de votre manière d’enseigner me montre de quelle façon je pourrai amener Paul à étudier sérieusement. Si tu ne travailles point, ami Paul, si tu ne pioches pas dur, comme vous dites au lycée, tu ne reviendras pas aux vacances à Uchizy reprendre avec ton oncle tes études d’histoire naturelle. »

Cette menace faite à Paul révélait assez le projet qu’avait le docteur de l’emmener avec lui sans qu’il fût besoin de le questionner davantage. Cependant Philibert Chardet ne put s’empêcher de murmurer ces mots, accompagnés d’un gros soupir :