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« Mon oncle, c’est du Mozart, dit Alice avec un petit mouvement d’orgueil, lorsque la fin de la sonatine eut été saluée par un applaudissement général.

— Peste ! tu n’en étais point là à Lyon ; tes éternels exercices m’ennuyaient assez.

— Et moi donc ! s’écria la petite fille avec entrainement, pour reprendre ensuite d’un ton plus posé : J’en fais encore, mais l’oncle Philibert dit que, joués tout seuls, ils dégoûtent les enfants de la musique ; alors il m’a fait apprendre cette sonate, et il en joue les notes sur le violon en même temps que moi sur le piano, afin que j’aille en mesure. C’est très amusant, et il parait, mon oncle, que cela s’appelle faire de la musique d’ensemble. Quand Paul sera grand, il saura jouer du violoncelle. Alors mon oncle Philibert, Paul et moi, vous nous entendrez ensemble, et ce sera très joli.

— D’abord, je n’ai rien promis pour le violoncelle, dit Paul. Ces petites filles ne se doutent pas qu’il y a des choses plus sérieuses à apprendre. Moi, j’aime mieux les sciences que les arts.

— Bah ! s’écria le docteur Thonnins tout stupéfait, car jusque-là il se croyait sûr que le jeu avait sur toutes choses au monde la préférence dans l’esprit de son neveu.

— Mais certainement, reprit Paul sans être déconcerté. Alice peut étudier son piano, elle n’a pas à faire, comme moi, deux heures de latin. C’est cela qui est plus aride que les sciences !

— Ah ! ah ! et dans quel sens ? Je serais curieux de le savoir, dit le docteur.

— Ah ! c’est bien simple. Le latin, c’est mort. Les sciences, c’est vivant. Je ne savais pas cela au collège. Je le comprends maintenant.

— Je suis enchanté de te savoir réconcilié avec les frac-