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à quoi je pense ; je prendrai volontiers à mon compte l’achat du piano, et je payerai le maître de Tournus. Il sera facile de le faire venir chaque samedi dans le char à bancs qui porte les denrées au marché. Le second voyage pour le reconduire sera une promenade pour le cheval.

— Mais, reprit Claude Chardet dont l’amour-propre fut stimulé par cette offre, tu n’es que l’oncle de ces enfants, et moi je suis leur grand-père. Je payerai le piano. Bah ! la récolte a été bonne.

— Et vous avez placé dix mille francs chez votre notaire, après avoir vendu nos vins, ajouta Philibert en souriant.

— C’est bon ! c’est bon ! grommela le maître des Ravières d’un air bourru. Mais, puisque tu te charges des autres leçons à donner à ces enfants, ne va pas faire de Paul un savant comme toi. »

Claude Chardet mit bon ordre à cette crainte en emmenant aux champs avec lui son petit-fils chaque fois qu’il pouvait l’enlever à Philibert. Celui-ci, prenant goût à la mission qu’il s’était donnée, consacra tout son temps à ses neveux. Un tableau, sur lequel étaient inscrits l’ordre et le temps des exercices journaliers, fut appendu dans la grande salle, où le piano acheté fut placé également, et qui devint la salle d’études, sans cesser d’être le cabinet de travail de l’oncle Philibert.

Huit jours après leur entrée à Uchizy, Alice et Paul étaient soumis à un règlement qui leur laissait de bonnes heures pour s’ébattre en plein air, mais qui les astreignait à des travaux dirigés avec une fermeté à la fois douce et patiente par l’oncle Philibert. Aussi, lorsque, au bout de trois semaines, le docteur Thonnins s’annonça par une lettre, Claude Chardet, réjoui, rajeuni par la présence et les aimables caresses de ses petits-enfants, se félicita d’avoir