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Cet hymne de Pierre Dupont à la vigne est aussi célèbre dans le Mâconnais que celle des « grands bœufs blancs tachés de roux ». Aussi tous les convives entonnèrent-ils en chœur le refrain en choquant leurs verres à la ronde.

Ce bruit formidable réveilla en sursaut Alice qui commençait à s’assoupir le nez dans son assiette et surexcita, tout au contraire, Paul qui se mit à taper de son couteau contre la bouteille voisine et à crier à tue-tête des a et des o, car il ignorait les paroles de la chanson.

L’oncle Philibert fit signe à sa femme d’emmener Paul, et, prenant Alice dans ses bras, il l’emporta à demi pleurant et murmurant que ce tapage lui avait fait grand’peur. Quant à maître Paul, il n’avait guère envie de quitter une compagnie si gaie ; mais il n’osa pas résister aux instances de sa tante, surtout au signe de tête de l’oncle Philibert, car il commençait à trouver que la désobéissance à un homme si sérieux et si doux était chose difficile.

La fête dans la grande salle se prolongea jusqu’à minuit. Les derniers convives étaient déjà partis des Ravières que l’on entendait les refrains joyeux répétés par leurs groupes sur la place du grand lavoir, dans le quartier du Château et dans la direction de cette ruelle bordée de jardins qu’en souvenir de sa destination dans les temps féodaux, l’on a nommée les Fossés (les fossés, évidemment, du château d’Uchizy, dont il ne restait en 1858 pour seule trace qu’une tour massive, rasée depuis).

Claude Chardet ne rentra pas au logis vieux sans avoir visité ses petits-enfants dans leurs lits, et, après les avoir embrassés sans les réveiller, il dit à son fils :

« Tu as imaginé un moyen de les garder chez nous ? Et lequel donc ? Il me tarde de le savoir.

— Mon père, lui répondit Philibert, je vous en ferai part