Page:Blandy - L Oncle Philibert.djvu/48

Cette page n’a pas encore été corrigée

si Philibert n’avait imaginé d’en faire son cabinet de travail. Elle était trop vaste pour être sensiblement rapetissée par les quatre corps de rayons en chêne qui montaient du parquet raboteux au plafond, tout garnis de livres, par la table à écrire et par quelques buffets à compartiments pleins et chargés d’objets tout à fait inconnus aux invités de Claude Chardet. Comme on n’avait pas eu le temps de ranger cette foule de bibelots, on voyait épars sur la table et les buffets des fragments de minéraux, des cloches de verre, des boîtes de toutes dimensions, des fioles contenant des liquides de couleurs diverses, des appareils en cuivre de formes bizarres, des boites d’aquarelle, d’autres ouvertes contenant des pinces et des ciseaux rangés par ordre de grandeur. Ces engins d’étude, relégués sommairement à l’une des extrémités de la salle, n’avaient pu en être enlevés, ce qui contraria un peu Claude Chardet.

Le maître des Ravières, dans son gros bon sens rustique, sentait que ses convives devaient être curieux d’inspecter le laboratoire mystérieux où Philibert s’adonnait, selon les mauvaises langues d’Uchizy, à chercher pourquoi la pluie mouille, pourquoi l’herbe est verte et comment il pousse de la plume sur les ailes des oiseaux quand c’est de la laine qui frise sur le dos des moutons, toutes questions que les gens sensés du pays résolvent sans se casser la tête, en disant que les choses sont ainsi parce qu’elles ne sont pas autrement.

En effet, si la plupart des vignerons, après une ample journée de travail, se laissèrent tomber pesamment sur les chaises disposées autour de la table, quelques autres se mirent à parcourir la salle et allèrent regarder les cadres appendus aux murs entre chaque corps de bibliothèque et qui contenaient des collections d’insectes. Joseph Courot était de ceux-là ; il se hasarda même jusqu’à aller ouvrir sur la